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A peine suis-je arrivé sur le quai que la sonnerie annonçant la fermeture des portes retentissait déjà. N’ayant donc pas le temps de choisir le wagon, je me suis précipité tout droit, dans le premier qui se présentait à moi. Un garçon (grand et blond comme l’idéal « Prince Charming ») entrait mollement juste devant moi. Le frôlant pour me faire une petite place, je me suis moi-même fait frôler… par les portes! Se sentant vraisemblablement bousculé, le blondinet a avancé vers le fond du wagon, rejoignant ainsi ses amis. C’est là que je l’ai entendu échangé quelques mots en anglais et l’ai vu se tourner vers moi m’observant avec insistance de manière on ne peut plus indiscrète. Intimidé, par la douce langue de Shakespeare très probablement , je me suis branché sur les Stereophonics. Je sentais son regard peser sur moi. J’ai profité d’un instant d’inattention de sa part pour relever la tête, quittant des yeux quelques secondes ma haute technologie musicale, pour à mon tour avoir une idée de ce à quoi pouvait ressembler cet étrange spécimen. Blond, rockeur style Franz Ferdinand, sac à dos et trois potes dans le même style. Puis je me suis à nouveau vu fixé. J’ai alors regardé ailleurs, l’air de rien, ou presque, puis j’ai jeté un coup d’œil fugitif mais discret, pour comprendre le sujet de mon étude approfondie: j’ai remarqué qu’il regardait avec curiosité et intensité mes (spleeeennnndiiiideeeees) chaussures de skate, pour au final remonter jusqu’à ma chemise. Enfin, après ces longues (trois) minutes, Denfert-Rochereau est arrivée et nous sommes descendus. Nos destins se sont vus inévitablement séparés: lui se dirigeait vers la direction d’orlybus, tandis que je prenais ma direction habituelle. Avant que nos chemins ne se séparent, je l’ai vu se retourner une dernière fois, le regard plein de perplexité. Et pendant toute la fin de mon trajet, j’ai repensé à God save la France, où toutes les aventures du narrateur finissent en « histoires de cul ». Je suis sûr que le jeune Britannique de mon RER avait la même idée! Décidément les Anglais ne sont pas plus « gentlemen » que Hugh Grant ne l’est dans Le journal de Bridget Jones!