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Titre du blog : charmeur et lanceur de couteaux
Auteur : Elliott
Date de création : 10-04-2006
 
posté le 24-02-2008 à 20:05:12

Fait d'hiver

 Et ce matin-là, alors qu’il était à peine 7h30, je m’étais enfermé dans mon bureau à l’agence immobilière. La pluie frappait les carreaux d’une puissance inouïe. Les mains entourant mon gobelet de café brûlant, je fixais le mur sur lequel était accrochée une reproduction d’un tableau aux couleurs pastelles.La veille au soir, j’avais reçu un appel d’une jeune femme : 

– Bonsoir… je suis Maggy, la sœur d’Alessandro.

Il y eut un long silence. Je ne perçus aucune émotion dans sa voix lorsqu’elle m’annonça : 

– Alessandro a eu un accident de moto ce matin. 

– Je ne comprends pas, avais-je seulement été capable de répondre. 

– Il est… mort. 

– Je ne comprends pas, avais-je débité mécaniquement.

Elle m’expliqua alors qu’avant même d’arriver à l’hôpital, l’amour fugitif de mes dernières semaines venaient de s’envoler. Comme si le départ de Veronna avec son mari et sa fille ainsi que celui de Johanna n’était pas assez difficile à supporter. J’avais la naïve sensation que le sort s’acharnait sur moi.

N’ayant pas fermé l’œil de la nuit, après avoir fait le tour des cafés jusqu’à ne plus avoir de monnaie et avoir avalé une bonne dizaine de whisky jusqu’à ne plus avoir d’estomac, je m’étais résolu à aller au bureau où je m’étais endormi.

Je ne sais pas quelle heure il était lorsque Félix entra, ni même s'il m'avait observé dormir. Mais à peine avais-je repris mes esprits que je décidai d’une expédition à l’appartement d’Alessandro. Alors que je sortais de l’agence, Félix eut tout juste le temps de s’écrier : 

– Eh ! William ! et le compte-rendu de ton entretien avec le vieux !

« Le vieux », c’était le « gros client » du moment. La moitié, voir les trois-quarts de l’agence le surnommait ainsi. Je ne m’y étais résolu.

Après deux bonnes heures de marche, j’arrivai à destination. Je passai sous le porche et entrai dans la cour pavée. « La cour des souvenirs », comme on l’appelait. Un d’eux surgit à la surface de ma mémoire lorsque j’aperçus un petit vélo rouge au guidon chromé au fond de la cour. Un jour, Alessandro avait pris l’initiative de m’apprendre à faire du vélo, alors qu’il passait ses vacances d’été chez ses grands-parents. C’est un de ces souvenirs clichés fort de banalité, mais qui reste gravé à jamais. Avant d’être cet « amour fugitif », il avait été mon meilleur ami, ce grand frère que tout enfant unique cherche. 

 

 

Par un après-midi chaud et extrêmement ensoleillé de 1970, tandis que Paris vivaient de ses touristes émerveillés, deux jeunes enfants s’adonnaient aux plaisirs de l’amitié. L’un, frêle, agrippait le vélo rouge du plus petit qui tentait vainement à la fois de tenir en équilibre et d’avancer. Ils hurlaient, braillaient, riaient. Le premier lâchait le vélo et le deuxième tombait, puis ils recommençaient. Leurs yeux brillaient de complicité.

 

 What ever happened,

Album [disque 1]

Marie-Antoinette

(B.O. du film de S.

Coppola)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[note : ceci est une ébauche de scénario]