Au début de l'année scolaire officielle, j'avais encore deux espèces de bouts de ficelles au poignet droit, je n'avais pas encore cours et je mangeais des plats tout prêts cinq jours sur sept. Je passais mes journées à arpenter désespérément la maison du salon au palier, en passant de temps en temps par la cuisine, mais ne m'arrêtant jamais dans ma chambre. A chacun de ces endroits se trouvait bien à ma disposition un moyen de perversion. La cuisine me narguait impunément avec ses biscuits croustillants, le salon me faisait la coure avec sa nouvelle télévision écran plat, se la jouant grand séducteur, tandis que racolait le palier avec un certain manque d'érotisme - mais je passerai sur ce détail. Après avoir épuisé les programmes de France 4, j'avais décidé de m'intéresser aux propositions aguichantes du palier qui arborait un ordinateur-internet-haut-débit-intégré, et avais constaté avec plaisir que s'il n'avait pas les mêmes atouts que cette ravissante technologie que le salon avait eu les moyens de s'offrir, il me proposait toutefois d'indénombrables choses avilissantes terriblement alléchantes.
C'est ainsi que je passai tout le mois de Septembre à faire la connaissance de Mister Dea. Je l'avais malencontreusement rencontré sur un lieu virtuel où la cigarette n'était que vice et l'alcool vertu. Dès le premier jour de cette conjoncture, au bout d'une heure de rien et de tout, nous décidâmes de communiquer plus simplement mais toujours virtuellement - par messages instantanés. « Quel bonheur que la virtualité », me soufflait dans l'oreille le palier lorsque je me penchais sur son ordinateur... car oui, ce n'était plus lui qui m'aguichait, mais moi qui l'allumais.
Septembre avait donc été un mois de joyeuseté plus inexplicable qu'inexpliquée. Je passais des heures en compagnie de Mister Dea grâce à l'outil magiquement technologique et pervertissant, se composant simplement de deux boîtes noires : l'une grosse et l'autre plus fine dont émanait une lumière hypnotisante. Nous échangions tout : idées, musiques, rêves, catastrophes, humeurs, temps, espoirs, loisirs, plaisirs, émerveillements, photos, déceptions, rires et fous rires... si nous avions pu, il ne fait aucun doute que vêtements et petits frères y seraient passés.
(suite prévue)
[note : mise à jour de La vie…, pour les intéressés]
Commentaires
Comme toujours... une photo super sympa et un texte dont on attend qu'une chose : la suite^^