Aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter comment je suis mort. C’était dans quelques années, après 2ans de fac ciné (non, je n’aurais pas réussi à confirmer assez de semestres pour aller en 3ème année) 5ans de fac de médecine (eh oui ! la motivation est bien cachée !) - pour avoir un diplôme d’infirmier - et un an passé dans un hôpital, aux murs bleus pâles virant au gris et écaillés dans les toilettes.
3 mois avant que l’infini ne m’emporte j’avais réussi à obtenir un poste d’infirmier à Médecins sans Frontières. C’était fabuleux ! Depuis le temps que je rêvais d’aider l’humanité, je ne pouvais pas être mieux servi. L’excitation c’était alors emparée de moi et à peine le poste en poche j’avais accepté de partir pour une mission en Côte d’Ivoire, où des conflits avaient recommencé depuis peu. Ayant pour habitude de toujours avertir mes parents au dernier moment, je les avais appelés de l’aéroport ½ heure avant le décollage. Mais le conflit n’ayant pas encore fait d’écho en France, ils avaient gardé leur calme et avaient accepté mon choix, comme ils faisaient depuis près de 10ans. En vérité les Casques Bleus avaient été envoyés il y avait un peu plus d’un mois, mais le nombre de volontaires médecins pour cette destination avait été, au même moment, trop faible pour pouvoir agir correctement. Puis une fois assez nombreux, le décollage avait été organisé rapidement. Et lorsque nous sommes arrivés, j’avoue que j’ai frémis... plus de peur que d’excitation, mais j’étais prêt à m’accrocher sans en connaître la véritable raison : aider les autres ? me prouver que je peux jouer les héros ?... peu importait. Puis on nous a présenté notre campement qui a provoqué quelques déceptions : pas d’eau chaude, pas d’électricité, matelas au sol dans des tentes pour 4... « l’aventure ! » clameraient certains, « la galère... » gémiraient d’autres... Au départ, nous étions tous très motivés, mais au fur et à mesure que les jours défilaient, beaucoup craquaient, quelques uns sont rentrés en France. Les lieus où nous intervenions étaient de plus en plus bruyants, du coup l’atmosphère devenait de plus en plus oppressante. J’ai eu beaucoup de difficultés à m’accrocher les quelques jours avant mon départ pour toujours. Comme tout le monde, je fatiguais, je voulais joindre ma famille, mes amis pour savoir si les médias français avaient enfin dévoilé le conflit ivoirien à la population, je voulais de l’eau chaude, ma musique... Beaucoup de crises de larmes ont précédé ma finalité. Mais aussi beaucoup de rencontres et de rires car les Casques Bleus avaient rejoint notre campement et ces nouveaux visages avaient amené une nouvelle ambiance. J’ai rencontré un jeune brun, assez grand, à qui la famille manquait aussi énormément. Deux jours après sa rencontre, nous avions une mission dans le même quartier, qui était devenu à peu près calme depuis une semaine. Il m’avait proposé de me faire découvrir quelques mœurs ivoiriennes, le soir, quand nous serions tous les deux libres. J’avais évidemment accepté sans hésitations. Seulement ce n’était pas si calme que ça et par conséquent l’intervention avait durée plus longtemps que prévu. Je m’étais donc impatienté et avais décidé de proposer de relayer un collègue qui n’avait pas mangé depuis près de 6 heures. Lorsque je me suis dirigé vers l’endroit où se trouvait mon collègue, des coups de feus sont survenus de nul part, surpris, je me suis retourné, mais ils venaient de derrière moi et avant même que j’ai eu le temps de m’en apercevoir, deux balles m’ont atteintes à la moelle épinière au milieu et haut du dos provoquant deux vives secousses. Je suis tombé violemment à terre, sentant mon corps rebondir à deux reprises, ma joue gauche éclater en sang, mes lunettes de soleil s’enfoncer dans mon visage, le déchiquetant un peu plus. Je n’ai que très peu souffert, les deux balles se sont logées rapidement et ont agi sans perte de temps. Le néant m’a alors doucement emporté en me laissant pour seuls souvenirs le rire attendrissant de Frèro, la voix effrayée de Papa, le calme accord de Maman et les étoiles brillant dans les yeux de ce brun... Que savait la France de tout cela ?... énigme à jamais...
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
A. Rimbaud, Le dormeur du val, Poésies
Commentaires
Humanitaire. Faite gaffe, c'est large comme un océan ce mot. Urgence, développement, commerce équitable? Faites vos jeux... Science po' est une bonne voie, les langues et même les écoles de commerces.
L'Humanitaire je le respire depuis mon enfance et c'est un milieu bien pourri parfois ( toute ma famille bosse dedans). Si tu veux plus d'infos, n'hésite pas.
j'étais en train de lire la fin, et je me disais "on dirait du Rimbaud, le dormeur du val" et bien cela n'a pas loupé !!!
le poète du XXIème siècle est né ? si tu aimes Rimbaud, connais-tu "on n'est pas sérieux quand on a 17 ans" ?
Tu sais quoi? tu devrais penser à rassembler tous tes écrits et en faire un livre!! Sérieusement tu as un VERITABLE talent d'écriture!!!! Je suis fan!!
tout simplement génial comme texte!
Elliott,
Je ne sais que te dire... Tu me touche énormément... Il est trop tôt pour me l'expliquer, alors te l'expliquer....
Il me manque des mots pour les mettre sur ma souffrance... Peut etre pourras tu un jour prochain m'y aider....
Place au rêve, oui... et à la magie de la vie, celle qui permet de sentir l'air qu'on respire, la chaleur du soleil, le bruit du vent, les Anges qui nous frôlent les épaules et les joues... Bons rêves à toi, Elliott...
ELLIOOOOOOOOOOTT ! <33
[ Bah pourquoi tu pars en courant ?! T__T ]
Heuun, mais t'as un don toi ! OO"
T'écris merveilleusement bien, je suis jalouse ! ><
=)
Wahou....
Suis impressionné...
J'ai adoré, continue à faire de si beau textes, je te soutiens à fond^^
C'est vraiment très bien écrit... on s'y croirait dans ce futur passé ! Vraiment magnifique !
C'est vraiment très bien écrit... on s'y croirait dans ce futur passé ! Vraiment magnifique !
trop d'accord! c'est une super belle mort... si je peux me permettre de parler de la beauté dans la mort... parce que (pour certains) ça peut paraître un peu paradoxal...!
non, j'avoue que je n'ai aucun renseignement, parce que pour l'instant je compte me lancer dans le ciné ou les lettres. mais, une fois ces études-là terminées, il se peut que je me lance dans de nouvelles études pour de l'humanitaire... donc, je vais chercher et si je trouve un bon truc ('fin un bon site, quoi!) je mettrai un lien sur mon blog.
en tout cas, ça fait plaisir de trouver quelqu'un avec un point commun tel!
moi aussi j'aimerais beaucoup faire dans l'humanitaire mais on m'a dit qu'on ne pouvait que très rarement en faire un metier...
tu as des informations là dessus?
ça serait gentil que tu me répondescar ça m'interresse vachement!
en tout cas très beau texte et je te souhaite une mort comme ccel ci, enfin, moi je trouve ça beau de partir comme ça!
OK ! ça me rassure, en tout cas tu choisis bien ta voie.. tu écris des petits scénarios. Je te souhaite de réussir tes projets.
actuellement je suis en Terminale...
l'humanitaire est mon rêve...
mais pour l'an prochain j'ai choisi fac de ciné ou de lettres...
l'humanitaire sera EVENTUELLEMENT pour la suite...
le destin en décidera...
Est-ce une histoire vraie ? ton histoire vraiment ?... oui C pareil... en tout cas j'ai failli pleurer tellement je vivais la scène, faire de l'humanitaire ce n'est pas donné à tout le monde...il faut avoir le coeur accroché..tant vivent dans l'ombre, on en parle jamais assez. Bisous slameur et bonne nuit
Lafolle >>> alors viv' le changement d'heure si ça peut m'aider à devenir écrivain! mdr =P
>>> euh... non, "le dormeur du val" n'est pas mon inspiration, seulement l'espérance
Leshaya >>> je ne sais pas si c'est mon imagination... je pense vraiment que c'est de l'espérance... je trouve que c'est une très belle mort sans pour autant etre héroïque...
> merci < pour vos encouragements!
euh elliott ^^ quand je disais "sa viens" je me suis mal exprimée ! je voulais dire "le dormeur du val" t'a inspiré ??
x_X je mexprime tellement mal parfois !
en tout cas je constate une chose >> tu es fais pour etre ecrivain , tu as l'âme d'un artiste !
peut etre je sais pas se que tu veux faire mais peut etre que tu rentreras dans lhistoire en tant que grand écrivain^^ enfin je te le souhaite^^!
enfin la je pars dans je ne sais pas quel délire ^^! cets pas grave hein cest parcequon à changer d'heure !
Waouh t'as trop d'imagination! Je me demandais où ça allait finir. C'est triste mais tellement réaliste...
En tout cas bravo pour le texte =D
non, le "dormeur du val", c'est les deux derniers vers en italique... lol
le reste c'est moi...!
ce texte vient du dormeur du val ??
c'est toi qui l'a écrit ??
cest triste comem histoire! mais la guerre fait toujours des victimes innocentes ! :(